Message du parrain 2016 – Damien Abad

Portrait de Damien Abad à l'Assemblée nationale

« Une nation ne peut se maintenir que si, entre l’Etat et les particuliers, s’intercale toute une série de groupes secondaires. » Emile Durkheim

Pendant longtemps, la France a traditionnellement été méfiante vis-à-vis du lobbying. L’héritage politique rousseauiste de la toute-puissance de la volonté générale engendrait une doctrine où les élus étaient les seuls dépositaires de l’intérêt général et donc remparts des intérêts particuliers. Activité sulfureuse, le lobbying était considéré comme un trafic d’influence mettant en péril la démocratie, reflet de la consanguinité du monde de l’entreprise et du monde politique.

Mais cette vision caricaturale du lobby est en train de changer. Le lobbying connaît un essor en France et en Europe depuis le milieu des années 1990, notamment du fait de l’intégration européenne et des évolutions de la société et des modes de gouvernance. Il est pratiqué non seulement par les groupes d’intérêts économiques, mais par de très nombreux acteurs, associations, mouvements sociaux, etc. En réalité, tout le monde fait du lobby à différentes échelles.

La définition de cette activité dépend souvent de son interlocuteur, mais je retiendrais celle de F.J. Farnel, spécialiste international du « Corporate Affairs » « Le lobbying est une activité qui consiste à procéder à des interventions destinées à influencer directement ou indirectement les processus d’élaboration, d’application ou d’interprétation de mesures législatives, normes, règlements et plus généralement, de toute intervention ou décision des pouvoirs publics » . Le lobby est une expertise nécessaire à la prise de décision par le décideur public. Mais ce dernier reste – et doit le rester – pleinement indépendant. Le système français actuel est malheureusement encore trop bancal. Il ne réussit pas à assurer une complète transparence, tout en ne répondant pas non plus aux besoins des représentants d’intérêts. Il parait donc nécessaire de travailler à l’établissement de règles claires, comme c’est le cas au Parlement européen, dont j’étais membre de 2007 à 2012.

Ce concours est aussi l’exemple de l’évolution de la mentalité française relative au lobby. Depuis 2004, l’objectif du concours est de former les cadres et diffuser la pratique du lobbying, comme outil de défense et de promotion des intérêts des organisations. Il permet à des étudiants d’horizons divers de mesurer leurs connaissances des rouages européens et nationaux autour de sujets d’actualité et de problématiques présentés par des entreprises, des fédérations professionnelles et des associations.

Chers étudiants, par ce concours, vous vous exercez au lobbying interne, autrement dit en contact direct avec des interlocuteurs à influencer (hauts fonctionnaires, parlementaires, etc.) mais également au lobby externe à travers des stratégies à élaborer (comme les consultations publiques en ligne, ouverture des données, expertise citoyenne…).

Chaque année, les sujets sont d’actualité et les partenaires d’une grande qualité. Et c’est encore le cas en 2016 avec les groupes Lafarge, GICAT, UNGE, FEDEREC, et Passerelles et Compétences.

Vous êtes également plus nombreux, cette année, l’Université Dauphine ayant rejoint les masters de Sciences Po Bordeaux, Sciences Po Grenoble, Ecole de Guerre Economique, Paris-Dauphine et Paris Ouest Nanterre La Défense.

La compétition risque d’être intense.
Je suis très honoré d’être le parrain de cette édition.
Votre jury et moi-même avons hâte de voir le résultat de vos réflexions.

Je vous souhaite bonne chance et bon travail !

Damien Abad,
Député de l’Ain

10 mars 2016